Conflit sous-acromial chez les sportifs : reconnaître les premiers signes d’alerte
Le conflit sous-acromial est une cause fréquente de douleur de l’épaule chez les sportifs, en particulier lorsque les gestes répétés sollicitent l’élévation ou la rotation du bras. Cette pathologie correspond à une irritation des tendons de la coiffe des rotateurs et de la bourse sous-acromiale lorsqu’ils passent sous l’acromion. À terme, cette irritation peut évoluer vers une tendinopathie, une rupture partielle ou totale des tendons et une perte progressive de la fonction de l’épaule. Identifier rapidement les signes d’alerte permet d’éviter une évolution vers des lésions plus complexes.
Comprendre le conflit sous-acromial
Anatomie et mécanisme du conflit
La coiffe des rotateurs est constituée de quatre muscles et tendons assurant la stabilité et la mobilité de l’épaule : le sous-scapulaire, le sus-épineux, le sous-épineux et le petit rond. La portion longue du biceps participe également aux mouvements de l’épaule.
Ces structures passent sous un espace étroit appelé espace sous-acromial, limité par :
- l’acromion,
- le ligament acromio-coracoïdien,
- la tête humérale et les tendons de la coiffe,
- la bourse sous-acromiale.
Dans certaines situations, cet espace se réduit et provoque un frottement anormal des tendons contre l’acromion. Ce mécanisme répétitif conduit à une inflammation des tendons (tendinopathie du sus-épineux notamment) et de la bourse, caractérisant le conflit sous-acromial.
Pourquoi les sportifs sont-ils exposés ?
Certaines disciplines augmentent nettement le risque :
- sports de lancer (handball, volley, baseball),
- sports de raquette,
- natation,
- musculation, en particulier les mouvements en overhead (développé militaire, tirages verticaux),
- crossfit et gymnastes sollicitant l'épaule en suspension.
La répétition des gestes avec élévation du bras crée une surcharge mécanique qui dépasse les capacités d’adaptation des tendons.
Les premiers signes d’alerte à reconnaître
Le conflit sous-acromial s’installe souvent progressivement. Les signes initiaux sont parfois négligés, car la douleur apparaît à l’effort et disparaît au repos. C’est pourtant à ce stade que le traitement est le plus efficace.
Douleur lors de l’élévation du bras
La douleur est localisée sur la face antéro latérale de l’épaule. Elle apparaît entre 60° et 120° d’élévation, ce que l’on appelle l’arc douloureux. Ce signe est caractéristique d’un conflit sous-acromial.
Sensation de faiblesse ou perte de performance
Le sportif décrit :
- une baisse de force dans les mouvements d’élévation ou de rotation,
- une difficulté à maintenir le bras en hauteur,
- une baisse de précision dans les gestes techniques.
Cette faiblesse traduit souvent une tendinopathie débutante du sus-épineux ou du sous-épineux.
Douleur nocturne ou en décubitus latéral
La douleur peut réveiller le patient ou gêner le sommeil lorsqu’il s’allonge sur l’épaule concernée. Ce signe est fréquent dans les tendinopathies inflammatoires.
Raideur et diminution de la mobilité
La gêne est généralement plus marquée le matin ou après une séance de sport intense. La raideur traduit une inflammation locale ou un début de capsulite associée.
Crépitements ou sensation de frottement
Lorsque le sportif lève le bras, il peut ressentir un frottement mécanique dans l’épaule. Cela correspond à l’inflammation de la bourse et des tendons irrités.

Comment confirmer le diagnostic ?
Examen clinique spécialisé
L’évaluation de l’épaule repose sur plusieurs tests :
- tests d’impingement (Neer, Hawkins),
- test de force du sus-épineux,
- recherche d'un arc douloureux.
Cette étape permet de distinguer un conflit sous-acromial d’autres causes de douleurs de l’épaule comme une capsulite rétractile, une arthropathie acromio-claviculaire ou une rupture tendineuse.
Imagerie
Selon les signes cliniques, plusieurs examens peuvent être utiles :
- Radiographies : pour analyser la forme de l’acromion (classification de Bigliani) et repérer d’éventuelles calcifications.
- Échographie : première imagerie pour explorer les tendons de la coiffe.
IRM ou arthro-scanner : recommandés en cas de suspicion de rupture tendineuse ou d’atteinte plus complexe.
Les conséquences si le conflit sous-acromial évolue
Sans prise en charge, le conflit sous-acromial peut entraîner :
- tendinopathie chronique du sus-épineux,
- rupture partielle ou complète de la coiffe des rotateurs,
- bursite sous-acromiale,
- perte progressive de mobilité,
- limitation durable des activités sportives.
Chez les sportifs de haut niveau, une prise en charge tardive peut compromettre la poursuite de l’activité.
Prise en charge du conflit sous-acromial chez les sportifs
Traitement conservateur
Il constitue la première étape du traitement.
Adaptation des activités
La modification temporaire ou l’arrêt des gestes responsables du conflit est indispensable. Un repos ciblé permet aux tendons de se rétablir.
Traitement médical
- antalgiques et anti-inflammatoires,
- glaçage après l’effort,
- infiltration sous-acromiale de corticoïdes en cas de douleurs persistantes.
L’infiltration soulage l’inflammation, facilite la rééducation et accélère le retour à l’activité.
Rééducation spécifique
La kinésithérapie joue un rôle central :
- renforcement des muscles abaisseurs de la tête humérale,
- travail des rotateurs externes,
- correction des déséquilibres scapulaires,
- exercices proprioceptifs,
- assouplissement de la capsule postérieure.
Ce programme vise à stabiliser l’épaule et à augmenter l’espace sous-acromial.
Traitement chirurgical
Lorsque les douleurs persistent malgré un traitement bien conduit, une intervention mini-invasive peut être proposée. Sous arthroscopie, le chirurgien peut :
- retirer les tissus inflammatoires,
- traiter les lésions de la coiffe des rotateurs,
- réséquer une partie de l’acromion si nécessaire (acromioplastie).
L’objectif est de restaurer un glissement harmonieux sous l’acromion et de préserver la fonction de l’épaule.
Reprise du sport
La reprise s’effectue progressivement :
- renforcement complet,
- contrôle de la mobilité,
- correction du geste technique,
- reprise progressive de la charge.
Une surveillance régulière est souhaitable chez les sportifs dont l’activité impose des contraintes répétées sur l’épaule.
Conclusion
Le conflit sous-acromial est une pathologie fréquente chez les sportifs, liée à une surcharge mécanique des tendons de la coiffe des rotateurs. Les premiers signes tels que douleur lors de l’élévation, perte de force, gêne nocturne ou limitation fonctionnelle, doivent inciter à consulter rapidement. Un diagnostic précoce, associé à une prise en charge adaptée, permet d’éviter les complications et de retrouver une épaule fonctionnelle, capable de supporter les exigences de la pratique sportive.













