Entorse du poignet mal soignée : quelles conséquences à long terme ?
L’entorse du poignet est une pathologie fréquente, souvent liée à une chute sur la main ou à un mouvement forcé. Si elle est généralement bénigne lorsqu’elle est correctement diagnostiquée et traitée, une entorse passée inaperçue ou mal prise en charge peut avoir des conséquences fonctionnelles importantes. Avec le temps, elle peut entraîner une instabilité chronique, une dégradation des structures ligamentaires et une arthrose secondaire du poignet.
Comprendre l’entorse du poignet
Une entorse correspond à une lésion des ligaments, ces structures fibreuses qui maintiennent les os entre eux. Le poignet est une articulation complexe, composée de huit petits os formant le carpe, stabilisés par des ligaments extrinsèques (reliant le carpe au radius et aux métacarpiens) et intrinsèques (reliant les os du carpe entre eux).
Lors d’un traumatisme, une contrainte excessive peut provoquer une élongation ou une rupture partielle ou complète d’un de ces ligaments.
- On parle d’entorse bénigne lorsqu’il s’agit d’une simple distension ligamentaire.
- En revanche, une entorse grave implique une déchirure, parfois invisible sur les radiographies standards.
Certaines lésions ligamentaires, notamment celles touchant le ligament scapho-lunaire, peuvent passer inaperçues initialement. Elles constituent des entorses graves, susceptibles d’évoluer défavorablement si elles ne sont pas traitées précocement.
Pourquoi une entorse du poignet peut-elle être mal diagnostiquée ?
Après un traumatisme, les symptômes sont souvent discrets : douleur diffuse, gonflement, gêne fonctionnelle modérée. L’absence de déformation apparente et la normalité des radiographies standards peuvent conduire à sous-estimer la lésion.
Certaines atteintes ligamentaires ne sont visibles qu’à l’IRM, à l’arthroscanner ou lors d’une exploration arthroscopique. C’est particulièrement vrai pour les lésions scapho-lunaires ou luno-triquetrales, qui peuvent sembler anodines au départ mais évoluer vers une instabilité chronique du carpe.
Une douleur persistante au-delà de quinze jours, malgré un traitement initial par immobilisation, doit toujours alerter et justifier des examens complémentaires spécialisés.
Les lésions du ligament scapho-lunaire : une complication fréquente
Le ligament scapho-lunaire relie deux os centraux du poignet : le scaphoïde et le lunatum. Lorsqu’il est rompu, les os perdent leur alignement naturel, créant une désorganisation de la cinématique du carpe.
Cette instabilité peut être :
- Pré-dynamique : la lésion est présente mais invisible aux radiographies.
- Dynamique : visible uniquement lors de mouvements spécifiques.
- Statique : permanente, détectable sur les radiographies standards.
Sans traitement adapté, cette désorganisation modifie les forces mécaniques au sein du poignet, provoquant une usure progressive du cartilage et une douleur chronique.

Les conséquences à long terme d’une entorse du poignet non soignée
Une entorse du poignet mal soignée peut entraîner plusieurs complications structurales et fonctionnelles :
Instabilité chronique du poignet
L’instabilité résulte d’une rupture ligamentaire non cicatrisée. Le poignet devient mécaniquement déséquilibré, provoquant des douleurs lors des mouvements de flexion ou d’extension, une perte de force et une sensation de "craquement" ou de déboîtement.
Collapsus du carpe
Lorsque les ligaments sont défaillants pendant une longue période, les os du carpe s’effondrent les uns sur les autres. Ce phénomène, appelé carpal collapse, entraîne une déformation progressive et une perte de mobilité.
Arthrose post-traumatique du poignet
Le désalignement chronique des os du carpe conduit à une usure prématurée du cartilage. On parle d’arthrose secondaire ou de
SLAC wrist
(Scapholunate Advanced Collapse).
Cette forme d’arthrose se manifeste par des douleurs mécaniques, une raideur progressive et une limitation importante des gestes du quotidien : tourner une clé, porter un objet ou écrire devient difficile.
Raideur et perte de fonction
Même en l’absence d’arthrose constituée, le poignet peut se raidir, surtout après une immobilisation prolongée ou une prise en charge tardive. Cette raideur fonctionnelle réduit la mobilité globale de la main et compromet la reprise des activités professionnelles ou sportives.
Algodystrophie et douleurs chroniques
Chez certains patients, un déséquilibre neurovasculaire peut survenir après le traumatisme ou la chirurgie. L’algodystrophie (ou syndrome douloureux régional complexe) se manifeste par une main gonflée, chaude, douloureuse, avec des phénomènes de transpiration et une raideur importante. L’évolution est longue, parfois sur plusieurs mois.
Prise en charge et traitement des séquelles
Diagnostic et évaluation
Lorsqu’un patient consulte tardivement pour une douleur persistante après entorse, il est nécessaire de réaliser un bilan complet. Les examens d’imagerie (radiographies dynamiques, IRM, arthroscanner) permettent d’évaluer la stabilité articulaire et l’état du cartilage. L’arthroscopie reste le moyen le plus précis d’évaluer la gravité de la lésion ligamentaire.
Options thérapeutiques
Le traitement dépend du caractère réductible ou non de l’instabilité, de l’ancienneté de la lésion et de l’état articulaire.
- Arthroscopie réparatrice : dans certains cas récents, la suture ligamentaire sous arthroscopie permet une cicatrisation satisfaisante.
- Reconstruction ligamentaire (ligamentoplastie) : lorsque le ligament n’est plus réparable, un greffon tendineux est utilisé pour restaurer la stabilité.
- Arthrodèse partielle : en cas d’instabilité irréductible ou d’arthrose débutante, certaines articulations du carpe peuvent être fusionnées pour soulager la douleur tout en préservant une partie de la mobilité.
- Traitement palliatif : lorsque les lésions sont trop avancées, des interventions comme la résection partielle des os du carpe ou, plus rarement, une arthrodèse complète, permettent de stabiliser le poignet douloureux.
Une prise en charge rééducative est indispensable après toute intervention : elle vise à restaurer la mobilité, renforcer les muscles stabilisateurs et prévenir la raideur.
Prévention et surveillance
Le pronostic fonctionnel dépend directement de la précocité du diagnostic et du traitement. Pour éviter les séquelles :
- toute douleur persistante après une entorse du poignet doit être évaluée par un spécialiste, tel que le Dr Charles Bijon ;
- un examen d’imagerie approfondi (IRM ou arthroscanner) est nécessaire si les symptômes persistent malgré une immobilisation ;
- un suivi à distance permet de dépister précocement une instabilité secondaire.
Conclusion
Une entorse du poignet peut sembler bénigne, mais lorsqu’elle est négligée, elle expose à des complications sérieuses : instabilité chronique, effondrement du carpe et arthrose post-traumatique. Le diagnostic précoce et la prise en charge adaptée, idéalement par arthroscopie, sont essentiels pour préserver la fonction du poignet. Une évaluation spécialisée permet d’éviter l’évolution vers une atteinte irréversible et de maintenir une qualité de vie optimale.













