Le syndrome du canal carpien chez les cyclistes : impact des appuis prolongés sur le guidon
Le syndrome du canal carpien est une pathologie fréquente de la main, caractérisée par la compression du nerf médian au niveau du poignet. Bien connu dans les milieux professionnels, il touche aussi les sportifs, et notamment les cyclistes, en raison des appuis prolongés sur le guidon et des vibrations transmises au poignet pendant l’effort. Cette compression peut entraîner des troubles sensitifs et moteurs, impactant les performances et la pratique sportive.
Comprendre le syndrome du canal carpien
Le canal carpien est un espace anatomique étroit situé à la face antérieure du poignet. Il est constitué par les os du carpe formant une arche, fermée par un ligament fibreux épais. Par ce canal passent les tendons fléchisseurs des doigts et le nerf médian, responsable de la sensibilité de la face palmaire du pouce, de l’index, du majeur et de la moitié de l’annulaire. Ce nerf contrôle également la motricité de certains muscles du pouce.
Chez les cyclistes, le maintien prolongé des mains sur le guidon, notamment lors des longues sorties, crée une pression répétée au niveau de la paume. Cette pression, combinée à une flexion excessive du poignet et aux micro-vibrations transmises par le cadre, peut favoriser l’apparition d’un syndrome du canal carpien.
Symptômes fréquents chez les cyclistes
Les signes se manifestent souvent de manière progressive : des fourmillements dans les trois premiers doigts, des engourdissements nocturnes, une sensation de brûlure dans la paume, une diminution de la précision des gestes fins et une perte de force musculaire au niveau du pouce. Certains cyclistes décrivent une gêne croissante au fil de la sortie, pouvant perturber leur prise sur le guidon ou les empêcher d’actionner correctement les freins ou les vitesses.

Diagnostic
Le diagnostic est clinique, appuyé par des tests simples comme le test de Phalen (flexion prolongée du poignet) ou le signe de Tinel (percussion du canal carpien). En cas de doute ou pour évaluer la sévérité, un électromyogramme (EMG) peut être prescrit. Cet examen mesure la vitesse de conduction du nerf et permet de détecter une atteinte même discrète. Une échographie peut également compléter le bilan.
Prévention
La prévention repose sur plusieurs axes. L’ajustement du poste de pilotage est essentiel : un guidon trop bas ou mal orienté accentue la flexion du poignet. Rehausser le poste de conduite, modifier la position des leviers de frein ou utiliser des poignées plus ergonomiques permet de limiter les tensions. Des gants rembourrés ou des guidolines épaisses peuvent absorber une partie des vibrations.
Il est aussi utile de varier la position des mains pendant la sortie, de ne pas trop serrer le guidon et de garder les coudes légèrement fléchis pour absorber les irrégularités du terrain. Sur le plan musculaire, un renforcement ciblé des muscles de l’avant-bras et des étirements réguliers permettent une meilleure tolérance aux contraintes mécaniques. Des exercices de mobilisation nerveuse (glissements du nerf médian) peuvent également être intégrés à l’échauffement.
Traitement
Le traitement débute toujours par des mesures conservatrices. Il s’agit de limiter ou d’adapter la pratique cycliste en réduisant le volume ou l’intensité, notamment en période douloureuse.
- Le port d’une attelle nocturne peut soulager les symptômes nocturnes en maintenant le poignet en position neutre
- Des anti-inflammatoires non stéroïdiens peuvent être prescrits sur une courte durée.
- La physiothérapie joue un rôle central avec des techniques de mobilisation, des étirements nerveux et un rééquilibrage musculaire.
En cas de persistance des symptômes ou de signes de souffrance nerveuse à l’EMG, une infiltration de corticoïdes peut être proposée. Si ces traitements échouent ou si l’atteinte est sévère, la chirurgie devient une option. Elle consiste à libérer le nerf médian en sectionnant le ligament qui ferme le canal carpien. Cette intervention, souvent réalisée en ambulatoire, permet une reprise du vélo en quelques semaines, après une période de repos adaptée et sous surveillance médicale.
Conclusion
Chez les cyclistes, le syndrome du canal carpien est lié à un ensemble de facteurs mécaniques et posturaux. Une prévention efficace repose sur un réglage précis du poste de conduite, une technique de pilotage maîtrisée, un entraînement musculaire adapté, et une écoute attentive des premiers symptômes. En cas de douleurs ou de troubles sensitifs persistants, une consultation avec un chirurgien de la main tel que le Dr Charles Bijon permet de confirmer le diagnostic et de mettre en place une prise en charge personnalisée et adaptée à la pratique sportive.


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