Comprendre la maladie de Dupuytren : entre hérédité et facteurs de risque

Charles Bijon • 6 décembre 2024

La maladie de Dupuytren est une pathologie fréquente de la main, marquée par un épaississement progressif du tissu sous-cutané de la paume, conduisant parfois à une rétraction des doigts. Bien que non douloureuse dans ses phases initiales, cette maladie peut altérer considérablement la fonction de la main. Découvrez les aspects génétiques et les facteurs de risque associés à cette pathologie, afin de mieux comprendre ses causes et ses mécanismes.

Qu'est-ce que la maladie de Dupuytren ?

La maladie de Dupuytren est une fibrose progressive du fascia palmaire, le tissu fibreux situé sous la peau de la paume. Cette fibrose entraîne la formation de nodules et de cordons fibreux qui peuvent progressivement courber les doigts, principalement l’annulaire et l’auriculaire. Dans les cas avancés, les doigts concernés restent en flexion, rendant certaines activités quotidiennes difficiles, voire impossibles.

Bien que les causes précises restent mal comprises, des études ont identifié plusieurs facteurs prédisposants, notamment l’hérédité et certains comportements ou conditions médicales.

L’hérédité : un rôle clé dans l’apparition de la maladie

Une origine génétique avérée

La maladie de Dupuytren est souvent considérée comme ayant une forte composante génétique. Elle est particulièrement fréquente chez les populations d’origine européenne du Nord, au point d’être surnommée la "maladie des Vikings". Les études familiales montrent que si un parent proche est atteint, le risque de développer cette pathologie est significativement accru.

Des recherches génétiques ont mis en évidence plusieurs mutations associées à la maladie. Ces mutations touchent principalement des gènes impliqués dans la régulation du collagène et la réparation des tissus. Toutefois, la présence de ces mutations ne garantit pas systématiquement l’apparition de la maladie, indiquant que des facteurs environnementaux jouent également un rôle.

Transmission autosomique dominante

La transmission génétique de la maladie de Dupuytren suit un modèle autosomique dominant. Cela signifie qu’une seule copie du gène muté, héritée d’un parent, suffit à prédisposer une personne à développer la maladie. L’expression de la maladie varie considérablement, même au sein d’une même famille. Certains membres peuvent présenter une forme légère, tandis que d’autres développeront des contractures sévères.


Les facteurs de risque non héréditaires

Outre l’hérédité, plusieurs facteurs environnementaux et médicaux sont susceptibles d’influencer l’apparition et la progression de la maladie de dupuytren.

L’âge et le sexe

La maladie de Dupuytren est plus fréquente chez les hommes, avec un ratio homme-femme de 3 pour 1. Elle se manifeste généralement après 50 ans, et la prévalence augmente avec l’âge. Chez les femmes, la maladie apparaît souvent plus tardivement et avec une sévérité moindre.

Le mode de vie

Le tabagisme : le tabac est un facteur de risque non négligeable. Il est suspecté d’altérer la microvascularisation des tissus de la main, favorisant le développement de la fibrose.

  • La consommation d’alcool : une consommation chronique d’alcool, en particulier lorsqu’elle est excessive, est corrélée à une augmentation du risque de développer la maladie.
  • L’activité professionnelle : les métiers impliquant des vibrations répétées, une forte sollicitation des mains ou des microtraumatismes chroniques peuvent favoriser l’apparition de la maladie.

Les conditions médicales associées

  • Le diabète : la maladie de Dupuytren est plus fréquente chez les patients diabétiques. Bien que le lien précis ne soit pas totalement avéré, l’hyperglycémie chronique pourrait jouer un rôle dans les altérations tissulaires.
  • L’épilepsie : les patients traités pour épilepsie, notamment avec certains types de médicaments, présentent une prévalence plus élevée de la maladie.
  • Les autres maladies métaboliques : l’obésité, le syndrome métabolique et les pathologies vasculaires peuvent également contribuer à augmenter le risque.


Interaction entre facteurs génétiques et environnementaux

Bien que l’hérédité joue un rôle majeur, la maladie de Dupuytren est une pathologie multifactorielle, résultant de l’interaction entre les gènes et l’environnement. Une personne génétiquement prédisposée ne développera pas forcément la maladie si elle n’est pas exposée à des facteurs aggravants. A contrario, une personne sans prédisposition génétique peut développer la maladie si elle est exposée à plusieurs facteurs de risque combinés.


Prévenir et surveiller la maladie de Dupuytren

La surveillance chez les populations à risque

Les personnes ayant des antécédents familiaux de Dupuytren devraient surveiller l’apparition de symptômes, tels que des nodules dans la paume ou une tension inhabituelle des doigts. Une consultation planifiée suffisamment tôt permet de poser un diagnostic et d’évaluer la progression de la maladie.

Les facteurs de risque modifiables

  • L’arrêt du tabac : arrêter de fumer peut ralentir l’évolution de la maladie et améliorer la santé globale des tissus.
  • La modération de l’alcool : limiter la consommation d’alcool est une mesure bénéfique pour réduire les risques associés.
  • L’adaptation des gestes professionnels : dans les métiers manuels, l’utilisation d’équipements protecteurs ou l’aménagement des postes de travail peut limiter les microtraumatismes.

L’importance de la prise en charge médicale

Bien qu’il n’existe pas de traitement préventif avéré, une prise en charge médicale précoce peut aider à ralentir la progression de la maladie et à préserver la fonction de la main. Les traitements, qu’ils soient chirurgicaux ou non, sont adaptés à chaque stade de la maladie.


Conclusion

La maladie de Dupuytren est une pathologie complexe, influencée par une combinaison de facteurs génétiques et environnementaux. Comprendre ces interactions est essentiel pour anticiper et gérer efficacement la maladie. Pour les patients présentant un risque élevé, une surveillance régulière et des ajustements des habitudes de vie peuvent faire une réelle différence dans l’évolution de la pathologie.

par Charles Bijon 4 décembre 2025
Un diagnostic précoce, associé à une prise en charge adaptée, permet d’éviter les complications et de retrouver une épaule fonctionnelle.
par Charles Bijon 20 novembre 2025
Un diagnostic établi à temps suffit souvent à éviter les séquelles.
par Charles Bijon 6 novembre 2025
De l'importance d'un diagnostic précoce à la nécessité d'une prise en charge par un professionnel tel que le Dr Charles Bijon
par Charles Bijon 24 octobre 2025
Une rupture étendue de la coiffe des rotateurs peut compromettre les gestes du quotidien. Diagnostic, conséquences et traitements à connaître.
par Charles Bijon 9 octobre 2025
La maladie de Kienböck touche l’un des os du poignet et provoque douleurs et perte de force. Un diagnostic précoce permet d’éviter les séquelles fonctionnelles.
par Charles Bijon 22 septembre 2025
La maladie de Dupuytren est une pathologie chronique et évolutive de la main, caractérisée par une rétraction progressive des doigts vers la paume. Elle touche l’ aponévrose palmaire , une membrane fibreuse située sous la peau de la paume, sans atteindre les tendons ni les nerfs. À mesure que la maladie progresse, elle peut gêner des gestes simples du quotidien, comme serrer la main ou enfiler un gant. La cause exacte de cette maladie reste partiellement inconnue, mais plusieurs facteurs favorisants ont été identifiés.  Qu’est-ce que l’aponévrose palmaire ? L’aponévrose palmaire est un tissu conjonctif dense situé juste sous la peau de la paume. Elle assure un rôle de protection des structures profondes de la main (tendons fléchisseurs, nerfs, vaisseaux) et participe à la transmission des forces lors de la préhension. Dans la maladie de Dupuytren, cette membrane s’épaissit et forme progressivement des nodules puis des brides fibreuses, responsables de la rétraction progressive des doigts, notamment les quatrième et cinquième. Les premiers signes de la maladie de Dupuytren La maladie de Dupuytren débute souvent de manière discrète. Elle peut se manifester par un ou plusieurs nodules indolores dans la paume, parfois sensibles à la pression. Ces nodules évoluent ensuite en cordes fibreuses qui s’étendent vers les doigts et limitent leur extension. La flexion reste généralement conservée. Le test de la table (impossibilité de poser la main à plat) est un signe d’atteinte évoluée. La maladie de Dupuytren est souvent bilatérale mais d’intensité asymétrique. Facteurs de risque et causes possibles La cause exacte de la maladie de Dupuytren reste inconnue. Il ne s’agit pas d’une inflammation ni d’un traumatisme direct. Toutefois, plusieurs facteurs favorisants ont été identifiés. Facteurs génétiques La prédisposition héréditaire est bien documentée. Une mutation génétique encore mal identifiée entraînerait une anomalie de la prolifération des cellules fibroblastiques de l’aponévrose. La maladie est plus fréquente dans certaines familles et certaines origines ethniques, notamment en Europe du Nord. La transmission semble autosomique dominante à pénétrance variable. Âge et sexe La maladie de Dupuytren est plus fréquente chez les hommes de plus de 50 ans. Le risque augmente avec l’âge, et les formes sévères sont également plus fréquentes chez les hommes. Comorbidités et facteurs environnementaux Plusieurs affections ont été associées à la maladie : Diabète, en particulier le diabète de type 1, Épilepsie, possiblement en lien avec certains traitements (barbituriques), Hypercholestérolémie, Alcoolisme chronique, Tabagisme actif. Les professions exposant à des microtraumatismes répétés de la paume (travail manuel intensif, usage prolongé de machines vibrantes) ont été évoquées comme facteurs aggravants, sans qu’un lien direct ne soit formellement établi.
par Charles Bijon 8 septembre 2025
Les brûlures de la main sont des lésions fréquentes, parfois graves, qui nécessitent une prise en charge rigoureuse pour éviter des séquelles fonctionnelles importantes. En raison de la complexité anatomique de la main et de son rôle central dans les gestes du quotidien, toute brûlure, même modérée, doit être évaluée avec attention. Comprendre les types de brûlures Brûlure thermique, chimique ou électrique Les brûlures thermiques sont les plus fréquentes. Elles sont causées par un contact avec un liquide chaud, une flamme, un objet brûlant ou de la vapeur. Les brûlures chimiques surviennent au contact d’agents caustiques comme l’acide ou la soude. Les brûlures électriques , bien que plus rares, peuvent provoquer des lésions profondes et insidieuses. Classification selon la profondeur Brûlure du premier degré : rougeur douloureuse, atteinte superficielle de l’épiderme (ex : coup de soleil). Aucun risque de séquelle. Brûlure du deuxième degré superficiel : apparition de phlyctènes (cloques), douleur importante, cicatrisation possible sans greffe. Brûlure du deuxième degré profond : destruction partielle du derme, aspect blanchâtre ou tacheté, douleur modérée. Souvent besoin de traitement chirurgical. Brûlure du troisième degré : atteinte complète des couches cutanées, aspect blanc ou carbonisé, indolore du fait de la destruction des terminaisons nerveuses. Gestes d’urgence à adopter immédiatement Refroidir la zone brûlée Le premier réflexe à avoir est de refroidir la brûlure sous un filet d’eau tempérée (15 à 25°C) pendant 15 à 20 minutes. Cela permet de limiter la progression de la brûlure et de soulager la douleur. Retirer les objets compressifs Il est essentiel de retirer bagues, bracelets ou montres sur la main brûlée avant que l’œdème n’apparaisse, car un gonflement rapide peut entraîner une compression délétère. Ne pas percer les cloques Les phlyctènes doivent être laissées intactes si elles ne sont pas rompues, car elles servent de barrière naturelle contre les infections. Ne pas appliquer de corps gras Les pommades, beurres ou autres remèdes "maison" sont à proscrire. Ils augmentent le risque infectieux et peuvent compliquer le diagnostic clinique.
par Charles Bijon 19 août 2025
La tendinite de l’épaule , ou tendinopathie de la coiffe des rotateurs, est une affection fréquente responsable de douleurs nocturnes, souvent invalidantes. Le repos est essentiel à la récupération, mais il est difficile à trouver lorsque la douleur perturbe le sommeil. Comprendre comment adapter sa position et son environnement nocturne peut aider à améliorer la qualité du repos et à favoriser la guérison. Pourquoi la douleur est-elle plus forte la nuit ? Les douleurs liées à une tendinite de l’épaule sont souvent exacerbées la nuit. Plusieurs raisons peuvent l’expliquer : En position allongée, l’inflammation n’est plus atténuée par l’activité musculaire ou la gravité ; Le relâchement musculaire nocturne peut favoriser une mise en tension des tendons enflammés ; Une mauvaise posture au lit peut compresser l’articulation ou étirer les structures douloureuses. Ces facteurs provoquent des réveils nocturnes, des difficultés à s’endormir ou des douleurs matinales plus intenses. Les positions à privilégier pour mieux dormir Dormir sur le d os Cette position est généralement la plus recommandée. Elle permet de répartir le poids de manière équilibrée sans exercer de pression sur l’épaule douloureuse. Il peut être utile de placer un coussin sous le bras atteint pour le surélever légèrement. Cette élévation réduit la tension sur les tendons de la coiffe des rotateurs . Dormir sur le côté opposé à l'épaule douloureuse Si dormir sur le dos n’est pas confortable, il est possible de se coucher sur le côté opposé. Il est alors conseillé de placer un oreiller entre les deux bras, afin que le bras douloureux repose sans tension vers l’avant ou vers le bas. Positions à éviter Dormir sur l’épaule douloureuse est à proscrire. Cette position comprime les tendons déjà inflammés et accentue la douleur. Dormir en position fœtale ou avec le bras coincé sous l’oreiller peut également aggraver les symptômes.
par Charles Bijon 5 août 2025
Le syndrome du canal carpien est une pathologie fréquente de la main, liée à la compression du nerf médian au niveau du poignet. Ce nerf traverse un passage étroit appelé canal carpien , formé par les os du carpe et le ligament annulaire antérieur. Lorsque ce canal se rétrécit ou que son contenu augmente (inflammation, œdème, etc.), le nerf médian est comprimé, provoquant des symptômes bien spécifiques. Mieux comprendre le nerf médian Le nerf médian innerve plusieurs muscles de la main et assure la sensibilité de la face palmaire du pouce, de l'index, du majeur et de la moitié externe de l'annulaire. Sa compression entraîne des troubles sensitifs et moteurs qui évoluent avec le temps si le syndrome n'est pas pris en charge. Cette atteinte peut affecter considérablement les gestes du quotidien comme écrire, se coiffer ou saisir un objet, en altérant la précision et la force de préhension. Les premières manifestations cliniques Le syndrome du canal carpien se déclare le plus souvent de manière progressive. Les symptômes initiaux sont parfois intermittents et peuvent passer inaperçus. Leur reconnaissance précoce est essentielle pour éviter une évolution vers une forme chronique. Picotements et fourmillements Les premiers signes sont souvent des fourmillements , des picotements ou une sensation d'engourdissement localisés dans les trois premiers doigts (pouce, index, majeur) et parfois dans l'annulaire. Ces sensations apparaissent surtout la nuit ou au réveil et peuvent s’intensifier lors de certaines activités : maintien prolongé du téléphone, conduite, lecture ou travail sur clavier. Ces paresthésies peuvent parfois s'étendre vers l'avant-bras, mais restent typiquement localisées sur le territoire du nerf médian. Douleurs nocturnes liées au canal carpien Les douleurs de type brûlure, élancements ou décharges électriques au niveau de la main ou de l’avant-bras sont fréquentes. Elles perturbent souvent le sommeil et obligent le patient à secouer sa main pour soulager les symptômes. Ce signe clinique est évocateur d’un syndrome du canal carpien débutant. Baisse de sensibilité Avec l'évolution de la compression, une hypoesthésie peut apparaître. Le patient ressent une perte de sensibilité progressive dans les doigts innervés par le nerf médian, gênant certaines activités fines comme manipuler de petits objets, boutonner un vêtement ou saisir une clé. Ce déficit sensoriel est d’autant plus problématique qu’il impacte directement la précision des gestes. Faiblesse musculaire Bien que plus tardive, une diminution de la force du pouce peut s'observer. Les muscles thénariens, responsables de l’opposition du pouce, peuvent s’atrophier en l’absence de traitement. Le patient éprouve alors des difficultés à saisir fermement un objet ou à effectuer un mouvement d’opposition efficace. Cette atteinte motrice est le témoin d’un syndrome du canal carpien évolué, nécessitant une prise en charge rapide.
par Charles Bijon 22 juillet 2025
La cuisine professionnelle exige une grande technicité et une répétition constante de gestes précis. Avec le temps, ces mouvements peuvent engendrer une sollicitation excessive de certaines structures anatomiques du poignet . Les cuisiniers, souvent debout pendant de longues heures et exposés à des charges manuelles importantes, sont particulièrement exposés aux troubles musculo-squelettiques, et en particulier aux tendinopathies du poignet . Les gestes professionnels en cause La préparation des aliments, la manipulation d'ustensiles lourds, la réalisation de gestes fins comme l'émincé ou le décorticage, ou encore le nettoyage répété du poste de travail impliquent tous des mouvements de flexion, extension, torsion et pression du poignet. Certaines situations sont particulièrement à risque : les mouvements répétitifs de flexion-extension du poignet, le maintien prolongé du poignet en position extrême, l'utilisation d'outils non ergonomiques, le port répété de charges ou l'utilisation de hachoirs ou couteaux lourds. Avec le temps, ces gestes peuvent entraîner des contraintes mécaniques importantes sur les tendons, en particulier ceux des fléchisseurs et extenseurs du poignet. Le rythme soutenu des services, les contraintes horaires et le stress physique inhérents à la profession aggravent les risques de surmenage articulaire. Les tendinopathies les plus fréquentes Chez les cuisiniers, on retrouve principalement deux formes de tendinopathies : Tendinite des fléchisseurs du poignet Cette pathologie est liée à la sollicitation répétée des tendons fléchisseurs. Elle se manifeste par une douleur à la face palmaire du poignet, parfois avec une sensation de tiraillement lors de la préhension. Tendinite des extenseurs (face dorsale) Souvent liée à l'utilisation d'outils avec le poignet en extension, cette tendinopathie provoque des douleurs sur la face dorsale du poignet. Elle peut être confondue avec une douleur articulaire. Tendinite de De Quervain Moins fréquente, mais présente chez certains cuisiniers, la tendinite de De Quervain affecte les tendons du pouce au niveau du bord radial du poignet. Elle se manifeste par une douleur lors des mouvements d'opposition ou de saisie. D'autres affections comme les kystes synoviaux ou les syndromes canalaires (syndrome du canal carpien, compression du nerf ulnaire) peuvent aussi survenir dans ce contexte, nécessitant une évaluation spécialisée.